Journal De Malte - Inquiétude à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge

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Inquiétude à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge
Inquiétude à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge / Photo: Lillian SUWANRUMPHA - AFP

Inquiétude à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge

Des dizaines de travailleurs et de touristes sont bloqués mardi devant le portail fermé du principal point de passage entre la Thaïlande et le Cambodge, dont le vieux différend frontalier prend une ampleur rarement vue.

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Les deux royaumes d'Asie du Sud-Est sont à couteaux tirés depuis la mort d'un soldat khmer lors d'un échange de tirs avec l'armée thaïlandaise, dans une zone frontalière disputée, fin mai.

Bangkok et Phnom Penh s'opposent depuis des décennies sur le tracé de leur frontière commune longue de plus de 800 kilomètres, héritage de la présence française en Indochine, mais depuis les affrontements meurtriers de 2008-2011, jamais de telles tensions n'ont agité la région.

L'armée thaïlandaise a annoncé lundi soir la fermeture de tous les points de passage terrestres, sauf pour les étudiants et les personnes nécessitant un traitement médical.

Dans la ville d'Aranyaprathet (est), un portail doré a coupé la route habituellement fréquentée menant à Poipet, au Cambodge. La police anti-émeute surveille les dizaines de personnes bloquées, alors que des véhicules font demi-tour.

Ce point de passage, situé sur l'axe reliant la capitale thaïlandaise Bangkok aux temples d'Angkor, est réputé pour son activité commerciale, et ses casinos côté cambodgien.

Une cinquantaine de travailleurs cambodgiens, principalement des commerçants, patientent devant la frontière, sans savoir quand ils pourront rentrer chez eux.

"Je voulais rentrer la nuit dernière (lundi), mais j'ai dû dormir dans ma boutique, parce que la police ne m'a pas laissée traverser", explique Malin Po, 38 ans, qui vend des vêtements.

"Je traverse la frontière tous les jours", décrit-elle.

La frustration et la confusion ont gagné la population, qui se plaint du manque d'informations.

Chanta Wo, 32 ans, essaie de rentrer au Cambodge depuis qu'il a appris le décès de sa belle-mère. Ce charpentier voyage avec sa femme, leur fille de deux ans et leur bébé d'un mois, dont il a changé la couche sur un banc près du poste-frontière.

- "Très inquiet" -

"Je suis très inquiet", admet-il.

Quelques touristes étrangers guettent aussi un signe des autorités sous la chaleur moite.

L'Italien Matteo Toso, 34 ans, visite l'Asie, avec son sac à dos, depuis deux mois.

"Je vais devoir peut-être retourner à Bangkok, et prendre un avion pour le Cambodge, mais c'est plus cher", dit-il.

Les tensions entre la Thaïlande et le Cambodge, deux destinations prisées des routards, pourraient dissuader les visiteurs de venir, estime le Turinois.

Des dizaines de personnes sont aussi coincées du côté cambodgien de la frontière.

"Je fais appel à la fois au Cambodge et à la Thaïlande pour qu'ils s'entendent à nouveau, afin que tous puissent en tirer des bénéfices", déclare un marchand de fruits de mer de 37 ans, Phong Ratanak.

Touch, 18 ans, qui travaille dans une ferme en Thaïlande, dit qu'elle n'était pas au courant des restrictions imposées par l'armée thaïlandaise.

"J'attends au poste de contrôle depuis ce matin. Je ne sais pas ce qui se va se passer", dit-elle.

La police aux frontières thaïlandaise a indiqué ne pas savoir quand la frontière allait rouvrir, précisant que ses agents sur le terrain suivaient des ordres militaires, sans disposer de plus d'éléments.

Bangkok a imposé des restrictions de déplacement depuis des semaines, ce à quoi Phnom Penh a riposté en interdisant l'importation de carburant ainsi que de fruits et de légumes auprès de son voisin plus riche et plus grand.

Les discussions visant à apaiser les tensions sont à l'arrêt. Pis, la confiance a encore baissé depuis que l'ancien Premier ministre cambodgien Hun Sen a fait fuiter un appel téléphonique avec la cheffe du gouvernement thaïlandais, Paetongtarn Shinawatra.

Cette conversation privée a provoqué le départ d'un important parti de la coalition au pouvoir, qui a accusé Paetongtarn de manquer de poigne dans ce dossier.

Depuis 2008, au moins 28 personnes sont mortes en lien avec ce conflit territorial -- surtout entre 2008 et 2011 -- au coeur duquel se trouve le temple cambodgien de Preah Vihear.

A.Camilleri--JdM