

Madagascar: nouvel appel à manifester, le président en quête d'un Premier ministre
Le centre de la capitale malgache est placé vendredi matin sous forte surveillance des forces de l'ordre en prévision d'un nouvel appel à manifester, le président Andry Rajoelina poursuivant ses consultations sur le choix du nouveau Premier ministre.
L'île particulièrement pauvre de l'océan Indien est le théâtre depuis le 25 septembre de manifestations qui réclament désormais le départ du chef de l'Etat, après avoir débuté comme l'expression d'un ras-le-bol contre les coupures incessantes d'eau et d'électricité.
A la suite d'une pause dans la capitale jeudi, plusieurs composantes du mouvement de protestation - dont celui de jeunesse baptisé Gen Z - ont de nouveau appelé à descendre dans la rue vendredi, pour converger vers le quartier d'Ambohijatovo, dans le centre d'Antananarivo.
De nombreux pickups se déplaçant à vive allure et remplis de membres des forces de l'ordre sont visibles dans le centre de la capitale. Sur la grande avenue de l'Indépendance, les commerces sont restés fermés.
Ailleurs dans la ville, le trafic était plus faible qu'à l'accoutumée mais de nombreux écoliers se rendaient à l'école et un marché de fruits et légumes faisait le plein d'affluence, offrant un semblant de normalité, selon des journalistes de l'AFP.
Jeudi, la contestation s'était poursuivie en province: des milliers de manifestants ont défilé à Antsiranana, la grande ville du nord du pays. D'autres rassemblements de centaines de personnes au moins ont aussi pris place à Mahajanga (nord), à Toliara (sud) et pour la première fois à Sambava (nord), située au coeur de la région productrice de vanille de la Grande Île.
- "Nous avons prié" -
De son côté, le président Rajoelina, dont certains manifestants réclament le départ, poursuit ses consultations en vue de la nomination d'un nouveau Premier ministre.
Il avait annoncé lundi le renvoi du gouvernement pour tenter de calmer les manifestations, sans succès.
Dans un message accompagné de photos et diffusé sur son compte Facebook, il a indiqué vendredi avoir mené des consultations avec des autorités religieuses du pays. "Nous avons prié pour notre nation ensemble", écrit le chef de l'Etat.
Andry Rajoelina a aussi rencontré des diplomates et des représentants du Fonds monétaire international et des Nations unies, précise-t-il.
Le mouvement Gen Z a diffusé jeudi une courte vidéo où plusieurs de ses membres, présentés comme des porte-parole, expliquent les motivations et revendications de leur contestation.
"Vous êtes nombreux à vous demander qui sont la génération Z. Nous ne sommes que des jeunes prêts à changer l'histoire de Madagascar", explique l'un d'eux entouré de sept de ses camarades.
La répression des manifestations ainsi que les violences ayant éclaté lors de pillages généralisés "perpétrés par des individus et des gangs sans lien avec les manifestants", selon l'ONU, avait fait au moins 22 morts et des centaines de blessés d'après un bilan de son Haut-Commissariat aux droits de l'homme lundi. Des chiffres contestés par le ministère des Affaires étrangères malgache.
Plusieurs syndicats, dont celui de la société nationale de distribution d'eau et d'électricité, ont appelé à la grève générale et l'opposition, dans une rare prise de position commune, a elle aussi demandé le départ de l'ancien maire d'Antananarivo et magnat des médias, Andry Rajoelina, 51 ans.
Installé une première fois au pouvoir par les militaires en 2009 à la suite d'un soulèvement populaire, il avait présidé une période dite de transition jusqu'en 2014, s'était ensuite mis en retrait avant de se faire élire en 2018 et réélire en 2023 lors d'un scrutin boycotté par l'opposition.
Malgré ses immenses ressources naturelles, Madagascar, ancienne colonie française devenue indépendante en 1960, figure encore parmi les pays les plus démunis au monde. En 2022, près de 75% de sa population vivait sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale.
M.Fenech--JdM