

Migrants: trois morts et trois disparus dans deux drames distincts dans la Manche
"Une nuit comme on n'en avait pas vécu depuis plusieurs mois": trois migrants sont morts et trois autres ont disparu lors de deux tentatives distinctes de traversée de la Manche dans la nuit de mardi à mercredi.
Vers 22H00 mardi soir au large de Neufchâtel-Hardelot, "un pêcheur a signalé à la gendarmerie que des personnes étaient en détresse sur un bateau qui était proche de la côte", a indiqué le préfet du Pas-de-Calais, Laurent Touvet, lors d'un point-presse au port de Boulogne-sur-Mer.
"Une personne a pu être réanimée par les gendarmes alors qu'elle était en train de se noyer", a-t-il précisé, mais "un peu plus tard, on a entendu des cris dans la mer de personnes plus éloignées (...), vraisemblablement trois disparus".
Aux alentours de 5H00 du matin, le remorqueur Abeille Normandie a ramené au port de Boulogne-sur-Mer "un groupe de naufragés" secourus en mer.
Parmi les naufragés figurent trois personnes décédées, "vraisemblablement écrasées au fond du bateau", a encore indiqué le préfet, tandis que trois autres personnes ont été hélitreuillées "directement vers l'hôpital de Boulogne".
Selon les premiers éléments à sa disposition, "deux personnes (décédées) seraient d'origine du sud-est asiatique et une serait plutôt égyptienne, et ce sont des personnes jeunes (...) peut-être deux mineurs". Il s'agirait d'une femme et de deux hommes, a-t-il ajouté.
Cela porte à au moins 23 le nombre de décès survenus lors de telles tentatives depuis le début de l'année, selon un comptage de l'AFP à partir de données officielles.
Une enquête a été confiée à la police aux frontières et à la gendarmerie maritime, a déclaré la procureure de Boulogne-sur-Mer Cécile Gressier.
Les personnes prises en charge "sont entendues pour identifier leur rôle, ce sont a minima des témoins, des victimes de ces réseaux qui sont entendues pour pouvoir identifier l'organisation criminelle des passeurs qui sont derrière ces opérations", a ajouté la procureure.
- 115 personnes sur un bateau -
C'est "une nuit comme on n'en avait pas vécu depuis plusieurs mois", a déploré le préfet, qui a cependant souligné que "le bilan aurait pu être beaucoup, beaucoup plus lourd": un bateau en difficulté a été secouru avec 115 personnes à bord, probablement un "record" pour une embarcation clandestine dans la région, selon Laurent Touvet.
Ces traversées très périlleuses se font avec des canots pneumatiques de quelques mètres de long surnommés "small boats", souvent surchargés et à bord desquels beaucoup de passagers n'ont pas de gilets de sauvetage.
Plus de 30.000 personnes sont arrivées de la sorte sur les côtes anglaises depuis début janvier selon le ministère de l'Intérieur britannique, un chiffre record à ce stade de l'année. La seule journée de samedi a vu 17 embarcations et plus de 1.000 migrants réussir la traversée, toujours selon les autorités britanniques.
Mardi, une femme migrante a été déclarée décédée sur le rivage britannique à l'issue d'une tentative de traversée, selon la police du Kent (sud-est de l'Angleterre).
Depuis son élection en juillet 2024, le gouvernement du travailliste Keir Starmer a multiplié les initiatives pour tenter de limiter les arrivées au Royaume-Uni, mais il peine à endiguer ce phénomène.
Sa nouvelle ministre de l'Intérieur Shabana Mahmood, nommée vendredi, a promis que des expulsions de migrants vers la France, prévues dans le cadre d'un accord bilatéral entré en vigueur en août et censé avoir un effet dissuasif sur les traversées clandestines, débuteraient "de manière imminente".
Londres a assuré début août avoir commencé à placer en détention des migrants arrivés par "small boats" dans le cadre de cet accord aux contours encore flous, régulièrement dénoncé par les associations.
C.Muscat--JdM