

La cheffe européenne de la tech appelle les Etats-Unis à plus de coopération
Henna Virkkunen, la commissaire européenne responsable de la politique numérique de l'Union européenne, a appelé vendredi à une coopération plus étroite entre les Etats-Unis et l'Europe sur la régulation des technologies, un sujet qui oppose Bruxelles et Washington.
"Les grandes entreprises technologiques savent qu'une coopération plus étroite en matière de réglementation serait bénéfique pour leurs activités", a déclaré Mme Virkkunen à l'AFP après avoir rencontré les principaux dirigeants de la Silicon Valley, dont Mark Zuckerberg de Meta et Tim Cook d'Apple.
La visite de Mme Virkkunen en Californie et à Washington était la première depuis qu'elle a pris ses fonctions à la fin de l'année dernière, alors que l'UE finalise des enquêtes visant des géants américains pour des violations de ses règles
Le président Donald Trump a lui pris ses fonctions en janvier, adoptant une ligne dure contre les politiques européennes qui, selon lui, punissent injustement les États-Unis.
Cette ligne dure a été accueillie favorablement par certains patrons du secteur technologique, notamment Mark Zuckerberg, qui fait pression sur la Maison Blanche pour qu'elle réplique à Bruxelles.
Il assimile les lois européennes sur les technologies à des droits de douane qui devraient être mis sur la table dans les batailles commerciales de Donald Trump avec l'Europe.
Henna Virkkunen estime que le lobbying de Mark Zuckerberg auprès du président américain était "normal" de la part de grandes entreprises qui cherchent à défendre leurs intérêts.
Mais "les règles européennes sont les mêmes pour les entreprises européennes, asiatiques et américaines, ce ne sont donc pas des barrières commerciales", a-t-elle ajouté.
Lors de sa tournée aux États-Unis, Mme Virkkunen a également rencontré de hauts fonctionnaires américains, dont beaucoup qualifient le nouveau règlement de l'UE sur les services numériques (DSA) de forme de censure gouvernementale.
Le DSA exige des entreprises qu'elles contrôlent de manière adéquate les contenus en ligne, sous peine de se voir infliger des amendes pouvant aller jusqu'à 6% du chiffre d'affaires annuel global d'une entreprise.
La commissaire, chargée de la mise en oeuvre du DSA, a déclaré que les conclusions de Bruxelles sur les enquêtes ouvertes à l'encontre de Meta, de X et d'autres entreprises seraient bientôt disponibles.
- Longues enquêtes -
Son bureau est critiqué en Europe pour sa lenteur sur ces enquêtes, certains insinuant que ces retards sont délibérés, pour éviter de faire des vagues avec la Maison Blanche.
Les dix enquêtes majeures seront finalisées "dans les semaines et les mois à venir", a répondu Henna Virkkunen.
Pour justifier cette longue attente, elle a précisé que les conclusions à venir étaient les premières prises dans le cadre du DSA, "c'est pourquoi les équipes juridiques et techniques voulaient travailler très soigneusement et s'assurer que nous disposions toujours d'une base juridique très solide lorsque nous prenons des décisions".
Les enquêtes déboucheront certainement sur des turbulences diplomatiques, mais Mme Virkkunen estime que les États-Unis et l'UE auraient quand même tout intérêt à collaborer plus étroitement à l'élaboration de règles régissant les technologies majeures.
"Une coopération étroite serait bénéfique pour les deux parties, car pour les États-Unis et les entreprises du secteur, l'UE est le plus grand marché extérieur. Nombre d'entre elles ont beaucoup plus d'utilisateurs dans l'Union européenne qu'aux États-Unis", a-t-elle souligné.
Mme Virkkunen a cité l'exemple de Meta, qui compte plus d'utilisateurs pour son réseau social Instagram en Europe qu'aux États-Unis.
"Si nous travaillions ensemble avec les États-Unis, nous pourrions établir des réglementations et les normes à l'échelle mondiale", a-t-elle argumenté. "Cela faciliterait aussi les activités des entreprises dans le monde".
P.Ellul--JdM