La star du hip-hop P. Diddy condamnée à plus de quatre ans de prison
Le magnat américain du hip-hop P. Diddy a été condamné vendredi à quatre ans et deux mois de prison au terme d'une affaire de violences sexuelles qui a entraîné la chute de cette figure de la musique des dernières décennies.
"Ce sont des infractions graves qui ont causé un tort irréparable à deux femmes", et "dont les effets se font encore sentir aujourd'hui", lui a lancé Arun Subramanian, le juge de New York qui présidait son procès.
"Le tribunal n'a pas la certitude qu'en cas de libération, ces crimes ne seront pas commis à nouveau", lui a-t-il aussi dit. Il a assorti la peine d'une amende de 500.000 dollars.
Ses avocats ont annoncé en fin de journée qu'ils feraient appel, dénonçant une condamnation "inconstitutionnelle".
Le rappeur, Sean Combs de son vrai nom, avait présenté plus tôt vendredi de nouvelles excuses à ses deux principales victimes, qualifiant son comportement de "répugnant, honteux et maladif". "J'étais malade. Malade à cause de la drogue, j'étais hors de contrôle".
Au cours d'une audience de jugement qui s'est étirée pendant six longues heures, plusieurs membres de sa famille, dont certains de ses sept enfants, ont de nouveau défilé pour demander la clémence du juge, dire que le rappeur avait changé.
Mais c'est aux victimes que le magistrat s'est adressé en priorité, lançant "nous vous avons entendues" à l'adresse des femmes venues témoigner des violences subies de la part de Sean Combs.
Par rapport au dossier initial, le rappeur s'en tire plutôt bien: après deux mois de débats, les jurés avaient rejeté en juillet les accusations les plus graves de trafic sexuel et d'association de malfaiteurs, lui évitant l'emprisonnement à perpétuité.
Mais l'ex-homme d'affaires à succès, âgé de 55 ans, risquait encore très gros puisque les faits de transport de personnes à des fins de prostitution, pour lesquels il a été déclaré coupable, étaient passibles de 20 ans d'emprisonnement au total.
- Incarcéré depuis 13 mois -
Le fond de l'affaire portait sur le fait d'avoir forcé plusieurs femmes -- dont la chanteuse Cassie et une compagne plus récente ayant témoigné sous le pseudonyme de "Jane" -- à se livrer à des marathons sexuels avec des hommes prostitués pendant que lui se masturbait ou filmait. Il lui était aussi reproché d'avoir mis en place un réseau criminel pour organiser ces activités nommées "freak-offs" ou "hotel nights".
Le parquet avait réclamé au moins 11 ans de prison contre lui, insistant sur la "gravité" des faits, mais aussi l'absence de "repentir" sincère de P. Diddy, les "traumatismes" subis par les victimes et la "menace" qu'elles disaient toujours ressentir de sa part.
De son côté, la défense avait demandé que sa peine n'excède pas 14 mois, mettant en avant son bon comportement depuis son emprisonnement et son image "détruite". Sean Combs a d'ores et déjà passé 13 mois derrière les barreaux, dans une prison de Brooklyn.
Très offensifs lors de leurs contre-interrogatoires, tentant de discréditer les témoins à charge, ses avocats s'étaient efforcés de démonter le dossier -- ce qu'ils ont partiellement réussi à faire. Pour eux, les "freak-offs" étaient consentis et leur client avait un style de vie "polyamoureux" qui ne tombe pas sous le coup du droit pénal.
L'ex-homme fort du hip-hop, apparu particulièrement vieilli à l'audience, les cheveux et la barbe blanche, a connu une triple carrière de producteur, rappeur et homme d'affaires. Il avait signé la légende du rap The Notorious B.I.G dans les années 90, avant de connaître lui-même le succès sous le nom de Puff Daddy, puis de s'associer à des marques d'alcool.
Réagissant au jugement, l'avocat de Cassie (Casandra Ventura de son vrai nom), Douglas Wigdor, a salué le "courage" de cette dernière. "Bien que rien ne puisse effacer le traumatisme causé par Combs, la peine prononcée aujourd’hui reconnaît l'impact des infractions graves qu'il a commises", a-t-il dit.
L.Spiteri--JdM